Doctorante en droit a l’Universite d’Oxford et autrice de «La fabrique du viol»

Doctorante en droit a l’Universite d’Oxford et autrice de «La fabrique du viol»

Je commencais hier, sur Notre suggestion de Netflix, La cocinera de Castamar. « Au pire des cas, ca me fera bien pratiquer mon espagnol », me suis-je evoque. Le pire des cas est arrive des la fin du premier episode. Un homme entre, en pleine nuit et sans invitation, dans la chambre d’une femme. Cela entre dans son lit. S’ensuit le dialogue suivant pendant qu’il la viole :

Lui : Chut !

Il va i?tre complexe d’imaginer 1 modi?le plus explicite d’agression sexuelle qu’une scene ou votre http://datingmentor.org/fr/victoria-milan-review/ homme entre via effraction chez une femme et la viole pendant qu’elle le supplie, a repetition et terreur dans la voix, de s’en aller. Pourtant, une telle scene est presentee comme erotique, le commencement d’une histoire de passion. La morale : violez une femme pour la seduire. Non veut dire oui. Notre viol, c’est excitant.

Un geste anodin ?

Des exemples comme celui-ci, j’en ai des dizaines dont je me sers Afin de expliquer aux jeunes la culture du viol. Le souci n’est aucune montrer un viol a le pc ; le souci, c’est de presenter les violences sexuelles comme non juste acceptables, mais romantiques et desirables. Se surprendra-t-on ensuite que les femmes aient une difficulte a reconnaitre une agression sexuelle ?

Ils font quelques jours, Huguette Gagnon proposait dans ces pages une remise proprement dit des statistiques sur les violences sexuelles, argumentant qu’elles incluent des comportements qui, du dire des victimes elles-memes, etaient trop anodins pour constituer un crime. Elle affirme a tort qu’aucun crime n’est commis Quand votre victime considere le geste tel anodin, que la situation reste reglee sur-le-champ ou que le geste cesse.

Je n’ai nullement l’intention d’entrer dans une guerre des chiffres, souvent sterile, pour quantifier le souci des violences sexuelles. D’innombrables etudes ont demontre que les agressions sexuelles paraissent tres frequentes, rarement declarees et rarement condamnees. On sait aussi depuis des decennies que la totalite des chiffres sont une sous-estimation du probleme ; ces dames sous-declarent constamment nos violences qu’on leur inflige.

Je ne passerai donc nullement ma vie a essayer de convaincre qu’une soeur via quatre, ou une femme sur trois, ou une femme sur deux est agressee sexuellement : dans cet ordre de grandeur, on a une catastrophe mondiale, on n’en reste gui?re a la virgule pres. Ce que je veux expliquer, c’est l’impossibilite d’evaluer toute statistique concernant le viol sans tenir compte une culture du viol, et plus particulierement de la normalisation d’la violence sexuelle.

Dans une agence, on pretend que le viol est une chose rare et spectaculaire. Au sein des films, afin que ca « compte » tel votre viol (nullement une scene romantique qui est censee nous exciter), il faut que ca crie, que le sang gicle, que l’agresseur soit votre inconnu, ainsi, que ca se marche dans une ruelle sombre, un parc ou votre stationnement. Cette idee recue — le mythe du « bon viol » — influence la capacite des femmes a reconnaitre une agression sexuelle. S’ajoute a votre probleme une construction de l’heterosexualite normative, ou c’est tout a fait normal, meme attendu, que la femme soit passive pendant une activite sexuelle, que l’homme insiste et mene le bal, et que la distribution du plaisir soit inegale. Dans ces circonstances, quelques chercheuses ont note que le viol reste beaucoup plus pres du sexe « normal » qu’on aimerait le affirmer.

Pour compliquer encore le portrait, souvenons-nous que le fait de violer sa femme etait tout a fait legal il n’y a aussi gui?re 40 annees. Encore aujourd’hui, un fort, fort grand nombre de femmes se disent que si c’est leur chum qui les agresse sexuellement, ca ne compte jamais. Les etudes demontrent que beaucoup des femmes minimisent aussi des gestes de violence extreme commis avec un conjoint. On voit aussi les femmes qui vivent dans leur couple des agressions sexuelles a repetition, Afin de qui le viol, c’est sa routine.

Comprenez-vous maintenant le souci a penser qu’un evenement n’etait certainement pas une agression sexuelle parce que Notre victime l’a degote anodin ? Pour une fois, le droit est en avance sur la societe — en theorie du moins. J’ai loi reste claire : tout contact sexuel sans consentement est une agression sexuelle.

Le fait de considerer une agression sexuelle tel anodine fera partie du probleme. Un probleme qui ne pourra etre evalue, en chiffres ou autrement, en faisant tel si la culture du viol n’existait nullement.

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